Categorie : Aires protégées
Le Cadre de concertation intercommunal Guiaro-Pô de gestion du corridor n°1 a organisé, ce mercredi 21 avril 2021 à Pô, un atelier d’amendement et d’adoption du Plan d’aménagement et de gestion participatif (PAGEP) du Corridor écologique n°1 reliant le Ranch de Nazinga et le Parc National Kaboré Tambi (PNKT). La rencontre s’est tenue avec le soutien technique et financier de l’Association Nature et Développement (NATUDEV) et ses partenaires que sont l’Université Joseph Ki Zerbo (UJKZ), l’Université Libre de Bruxelles (ULB) et ULB-Coopération dans le cadre de la mise en œuvre du projet de recherche ‘’Intégration de la conservation de biodiversité et du développement local dans le contexte d’aires protégées du complexe PONASI » (ARES/PRD-PONASI).
Les communes de Guiaro et de Pô attendent ainsi prendre leurs responsabilités dans la gouvernance de cette forêt de 4500 ha dédiée au déplacement de la faune entre les deux aires protégées. Elles l’ont fait savoir ce mercredi 21 avril 2021 à Pô par l’amendement et l’adoption du Plan d’aménagement et de gestion participatif (PAGEP) de cette forêt en tant que « refuge local intercommunal de faune ». L’atelier, expliquent les organisateurs, se tient dans le cadre du processus de transfert de gestion du corridor n°1 du complexe PONASI de l’Etat aux communes de Guiaro et de Pô entre lesquelles il est à cheval. En vue de sa gouvernance intercommunale, les deux communes ont ainsi constitué un Cadre de concertation intercommunal d’une cinquantaine de membres et prenant en compte toutes les catégories d’acteurs locaux.
Dans le contexte de ce processus de transfert, l’une des étapes majeures, indique le Président du Cadre intercommunal, par ailleurs maire de la commune de Pô, Monsieur Victor ZANGOUYO, c’est l’élaboration d’un Plan d’aménagement et de gestion participatif (PAGEP) du Refuge local de faune. Aujourd’hui, souligne-t-il, il s’est agi d’apprécier le travail des consultants qui ont élaboré une version provisoire du PAGEP, de rassembler tous les acteurs pour amender, apprécier et adopter le PAGEP. Ce document décline les activités d’aménagement, de protection et de développement à mener sur une décennie (2021-2030) pour parvenir à une sécurisation et une valorisation efficace du site.
« Plus qu’un plan d’aménagement et de gestion, il s’agit d’un outil de développement local » dixit le président du Cadre.
Pour le Président du Cadre de concertation, le PAGEP tel qu’adopté est un outil de développement local au profit des riverains du Refuge local de faune. Quand cette forêt sera aménagée, indique-t-il, « il y aura beaucoup de revenus surtout pour les riverains. Ceux qui cultivent autour vont bénéficier de matériel agricole et de nouvelles techniques d’agriculture pour éviter qu’ils ne défrichent la forêt ». Et de poursuivre « le plan prévoit également d’accompagner les riverains dans la maraicheculture et l’élevage de la volaille, la transformation des produits forestiers, etc. S’il y avait parmi eux des braconniers, cela va non seulement les occuper autrement mais aussi, les aider à abandonner leur activité négative. Un ensemble d’activités qui vont, selon lui, occuper les riverains, améliorer leurs conditions de vie et les impliquer davantage dans la protection des ressources naturelles du Refuge local de faune. Pour le Président du Cadre, le PAGEP adopté est un outil précieux entre les mains des autorités communales, des populations et de tous les acteurs intéressés pour la mobilisation des ressources financières, matérielles et humaines qui y sont budgétisées.
Restitution au niveau des conseils municipaux et des villages riverains
L’Association Nature et Développement (NATUDEV) et ses partenaires que sont l’Université Joseph Ki Zerbo (UJKZ) de Ouagadougou, l’Université Libre de Bruxelles (ULB) et l’ONG belge ULB-Coopération soutiennent et accompagnent le processus de transfert de la gestion du corridor aux deux communes.
Pour le Président de NATUDEV, Monsieur Alexis KABORE, « l’étape importante après l’adoption du PAGEP, c’est la restitution de son contenu au niveau des deux conseils municipaux, Pô et Guiaro. Chaque conseil communal a prévu une session extraordinaire consacré au PAGEP en vue de sa restitution à l’ensemble des membres du conseil. Ensuite, une tournée de restitution sera faite dans les huit villages limitrophes de la forêt dans l’objectif d’assurer une appropriation maximale de ce document dont le contenu émane de leurs propositions et qui est, avant tout le leur. Pour ce faire, un format réduit du PAGEP sera édité pour en faciliter l’usage.
« Les communes ont besoin d’avoir des zones protégées classées à leur nom ».
De l’avis du Président du Cadre et Maire de Pô, le transfert de gestion aux deux communes, par le classement du corridor comme refuge local de faune à leur nom est la meilleure option. « Pour moi, l’approche de NATUDEV qui consiste à renforcer nos capacités et à nous responsabiliser à la base dans la gestion du corridor est la bonne manière. Les communes ont besoin d’avoir des zones protégées, en reclassant au nom des communes c’est donc la meilleure solution. Ce qui est sûr, nous sommes déjà avancés. Nous allons continuer le processus jusqu’à la fin. On va déposer notre dossier c’est à l’Etat d’apprécier ». Et d’insister, « au regard des difficultés de gestion dont souffrent les forêts déjà classées, je pense que l’Etat a même intérêt de nous accompagner pour que ce soit classé au nom des communes ».
Pour le représentant de l’équipe de consultants ayant élaboré le Plan d’aménagement et de gestion participatif (PAGEP), Monsieur Basile A. ADOUABOU, le fait de classer le corridor écologique n°1 au nom de l’Etat ou au nom des communes n’a pas une incidence sur la nécessité et la qualité du PAGEP. « Il est indispensable à tous les niveaux. C’est un outil de gestion efficace d’ici à 2030. Tous les acteurs doivent se l’approprier et faire en sorte que quel que soit l’intervenant au niveau du corridor, que ce plan puisse servir de boussole d’intervention. Car, souligne-t-il, il est un récapitulatif des besoins, propositions et ressentiments des acteurs locaux concernant ce refuge faunique ».
Ibrahima TRAORE