Conservation des forêts et points d’eau sacrés : des communautés s’engagent

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L’Association nationale des Aires et territoires du patrimoine autochtone et communautaire du Burkina Faso (ASAPAC-BF) et l’Association Nature et Développement (NATUDEV) ont organisé du 21 au 24 septembre 2021 à Ouagadougou, la première assemblée nationale des APAC-Territoires de vie au Burkina Faso. Il a été question de la conservation des sites naturels à gouvernance communautaire à la base notamment les forêts et les points d’eau sacrés, les forêts villageoises, les aires et mares pastorales, les Zones villageoises d’intérêt cynégétiques (ZOVIC).

Etendre et ancrer l’approche des aires et territoires du patrimoine autochtone et communautaire (APAC-Territoires de vie) sur le territoire-national et partant aux autres pays du Sahel.  C’est l’objectif de la première assemblée nationale des APAC-Territoires de vie, tenue du 21 au 24 septembre 2021, à Ouagadougou. L’initiative est de l’Association nationale des Aires territoires du patrimoine autochtone et communautaire du Burkina Faso (ASAPAC-BF) et l’Association Nature et développement (NATUDEV). Première du genre au Burkina Faso, cette assemblée nationale des APAC-Territoires de vie s’est tenue avec le soutien du Consortium mondial APAC et le Programme de Micro Financements du Fonds pour l’Environnement Mondial (PMF/FEM).

C’est au total une soixantaine de participants de 25 structures associatives et communautaires et des représentants du Bénin, du Ghana, du Niger, du Sénégal, et du Tchad qui ont pris part à ce grand rendez-vous national sur les APAC-Territoires de vie du Burkina. De quoi réjouir le président de l’ASAPAC, Issaka Yamba KABORE qui s’est félicité de la réussite de cette première édition. Elle constitue, selon lui, un cadre idéal de partage d’expériences dans la gestion des APAC-Territoires de vie qu’il faut travailler à pérenniser.

APAC-Territoires de vie, nouvelle approche de conservation de l’environnement et de la biodiversité

« Plusieurs actions anthropiques menacent l’existence des APAC-Territoires de vie au Burkina Faso » indique le Président de NATUDEV, Alexis KABORE, par ailleurs Coordonnateur du Consortium Mondial APAC pour la région du Sahel. Elles connaissent, selon lui, un niveau de dégradation préoccupant et continuent de subir des menaces très sérieuses. Leur diversité biologique et leur superficie ne sont pas suffisamment sécurisées. Pour Monsieur Alexis KABORE, les communautés doivent poursuivre les efforts de sauvegarde dans un cadre de solidarité et faire des plaidoyers auprès des autorités pour avoir des reconnaissances juridiques et les moyens nécessaires pour aménager, protéger et restaurer leurs sites naturels. D’où la pertinence de l’assemblée générale qui constitue, selon lui, un cadre de réflexion et de promotion afin de plaider en faveur des APAC-Territoires de vie.

De son côté, le Ministre des Ressources animales et halieutiques Tegwendé Modeste YERBAMGA, a félicité les organisateurs pour la promotion de cette nouvelle approche de conservation de l’environnement et de la biodiversité. Il les a rassurés du soutien inconditionnel du gouvernement à les accompagner. Le ministre Yerbanga dit attendre beaucoup des réflexions, notamment des propositions d’actions pertinentes pour la conservation des sites naturels d’intérêt particulier, mais également, sur les formes de reconnaissance juridique permettant la sécurisation des APAC et leur contribution au mieux-être des communautés locales.

La conservation communautaire de la biodiversité nécessite le soutien de tous.

Le Programme de Micro Financements du Fonds pour l’Environnement Mondial (PMF/FEM) est jusque-là le partenaire qui appuie cette nouvelle approche de la conservation de la biodiversité au Burkina Faso à travers l’ASAPAC et NATUDEV. Selon le coordonnateur national du PMF/FEM, Noël Compaoré, l’histoire de l’ASAPAC remonte à 2015 avec NATUDEV et le consortium mondial APAC. Et de préciser que conformément à la stratégie nationale du PMF/FEM pour la phase opérationnelle en cours du FEM de 2020 à 2024 et sur le plan national de riposte à la COVID-19, le programme a financé neuf organisations dont les activités couvrent les domaines de l’environnement, de l’élevage et de la culture ». Le coordonnateur national du PMF/FEM, Noël Compaoré a promis que 20% des ressources des fonds « STAR » seront affectées à des projets de préservation de la diversité biologique.

Un appui financier que le ministre des Ressources animales et halieutiques, Dr Modeste YERBANGA, par ailleurs Co-patron de la cérémonie d’avec les ministres de l’Environnement, de la Culture, des Arts et du Tourisme, a apprécié et a salué. Pour lui, « l’un des axes majeurs de la politique nationale du Burkina Faso en matière d’environnement est la conservation de la biodiversité. Or, ni l’Etat seul, ni les forêts classées nationales seules, ne peuvent assurer la sauvegarde de tout cet inestimable patrimoine naturel. C’est pourquoi à l’en croire, le gouvernement, tout en assumant les responsabilités qui sont les siennes, en appelle à la contribution de tous ».

 « Le Processus des APAC au Burkina Faso et dans le Sahel »

Les quatre jours de la première assemblée nationale des APAC-Territoires de vie, tenue du 21 au 24 septembre 2021 ont été riches en communication et partage d’expérience.

La première communication a porté sur « le Processus des APAC au Burkina Faso et dans le Sahel ». Dispensée par Dr. Alexis KABORE (Président de NATUDEV et Coordonnateur du Consortium mondial pour le Sahel), elle a servi de cadre d’immersion des participants à la dynamique des APAC-Territoires de Vie. Elle a essentiellement porté sur : la définition des APAC ; leurs caractéristiques ; les quatre (04) situation d’APAC à savoir les APAC emblématiques, les APAC définies, les APAC perturbées et les APAC désirées ; l’historique des APAC au Burkina et dans le monde ; les types d’APAC (les sites sacrés, les forêts villageoises, les espaces pastoraux communautaires et les Zones villageoises d’intérêt cynégétique) ; et les activités de soutien aux APAC du Burkina ;

La deuxième communication a été assurée par Mr. Salifou OUOBA, Consultant juriste environnementaliste. Elle a contribué à renforcer la connaissance des participants en matière de cadre juridique institutionnel des APAC au Burkina Faso. Cette communication a spécifiquement porté sur : l’historique des aires naturelles communautaires du Burkina Faso; le répertoire et l’analyse de textes juridiques traitant des types d’aires conservées ou APAC au Burkina Faso ; le cadre institutionnel de reconnaissance et de sécurisation des aires conservées suivant le répertoire et l’analyse du cadre juridique ; les formes de sécurisation des aires protégées suivant le répertoire et l’analyse de cadre juridique ; et les textes de reconnaissance juridique des APAC.

« La reconnaissance juridique des APAC : Enjeux et perspectives »

A la suite de Mr. OUOBA, Madame Sokhna Dié Ka DIA, Chargée de programme de l’ONG NATURAL JUSTICE a, elle aussi, tenu le public en haleine pendant une trentaine de minutes par sa communication « la reconnaissance juridique des APAC : Enjeux et perspectives ». Il était question de revisiter : Le contexte mondial des APAC ; Les enjeux relatifs à leur reconnaissance ; Les défis liés à la reconnaissance des APAC ; Les aspirations juridiques des communautés gardiennes des APAC ; Et les options qui s’offrent aux communautés.

La quatrième communication a porté sur la « Place des APAC dans la Monographie de la Diversité Biologique du Burkina Faso et le Cadre mondial post-2020 de la Diversité Biologique ». Cette présentation a été faite par Monsieur OUOBA Daogo, Assistant du Point Focal National de la Convention sur la Diversité Biologique au Secrétariat Permanent du Conseil National pour le Développement Durable (SP/CNDD) du Ministère de l’Environnement, de l’Economie Verte et du Changement Climatique, Burkina Faso.

Monsieur Salatou SAMBOU du Sénégal, Coordonnateur régional du Consortium APAC pour les écosystèmes marins et côtiers en Afrique de l’Ouest, s’est entretenu avec les participants sur le thème : « Améliorer la diversité et la qualité de la gouvernance des aires protégées ». Ainsi, il a fait cas de Kawawana qui est une aire protégée qui se trouve au nord de Ziguinchor (Sénégal).

« L’Introduction aux APAC-Territoire de vie et au Consortium APAC » a été assurée par Madame Holly Jonas, Coordinatrice Internationale du Consortium APAC. Elle s’est faite par diffusion d’un enregistrement audio-visuel. Son intervention a porté sur les APAC de façon générale et le Consortium en particulier.

Le Coordonnateur Afrique du Consortium APAC, Christian Chatelain a échangé par visio-conférence avec les participant à la première assemblée nationale des APAC territoires de vie sur les « Exemples d’APAC en Afrique et dans le monde »

Les participants venus des pays voisins ont partagé leurs expériences sur la problématique APAC-territoires de vie. Victor BOTON a présenté l’expérience du Bénin. L’expérience du Tchad a été assurée par Etienne GONDJE. Mohamed ZINTANG a partagé l’expérience du Ghana avec les participants. AWA SABO s’est entretenue avec les participants sur l’expérience du Niger.

De la visite terrain de l’APAC de Bazoulé (la mare aux crocodiles sacrés).

Les participants ont effectué une visite d’une APAC emblématique de renommée internationale. Il s’agit de la mare aux crocodiles sacrés de Bazoulé. Bazoulé est un village situé à 35 km de Ouagadougou.

Ils ont eu des échanges avec le chef de Baoulé sur l’historique des crocodiles sacrés de Bazoulé et les différents sacrifices et rituel qui sont liés aux crocodiles. Ils ont échangé avec les membres de l’Association Tourisme et Développement de Bazoulé (ATDB). Il était plus question de gouvernance et de stratégies de gestion de la mare mise en place par l’ATDB, et des difficultés rencontrées.

Des travaux de groupe pour plaidoyer et la promotion de l’approche APAC-Territoire de vie.

La première Assemblée nationale sur les APAC-Territoires de vie du Burkina a été l’occasion pour les participants de réfléchir sur cinq thématiques. Cinq groupes d’une dizaine de personnes ont été formés pour travailler sur des thématiques suivantes : « Communication : stratégie de communication du réseau APAC-Sahel pour la visibilité, la mobilisation et les échanges entre membres et vis-à-vis du public » ; « Reconnaissance juridique : Forme appropriée de reconnaissance juridique et stratégie pour l’obtenir » ; « Décentralisation : Politique de décentralisation des réseaux nationaux pour une présence et appropriation des acteurs locaux à l’intérieur des pays » ; «Actions : Plan d’action pour la conservation des APAC-Territoires de vie » ; « Coopération internationale : organisation et participation des AG Afrique de l’Ouest et Afrique, participation aux activités du ICCA, priorités pour le Cadre mondial de la biodiversité après 2020 ».

Service de communication