Burkina / Environnement : Les acteurs du domaine réfléchissent sur la conservation et la valorisation des aires et territoires

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Categorie : APAC

La quatrième assemblée nationale des Aires ou territoires du patrimoine autochtone ou communautaire (APAC) se tient à Koudougou du 11 au 14 novembre 2024. Cette rencontre a pour but de contribuer à la conservation des ressources naturelles du pays.
Un inventaire partiel à l’échelle nationale fait état de 55 000 sites naturels conservés par les communautés, représentant plus de deux millions d’hectares. L’association Nature et développement (NATURDEV) et l’association nationale des APAC du Burkina Faso (ASAPAC), en partenariat avec d’autres structures, travaillent à conserver et à valoriser ces espaces. Ils tiennent leur quatrième assemblée nationale en présence de différentes communautés locales.
Selon le président du conseil d’administration de NATURDEV, cette conservation comprend aussi bien la protection, l’aménagement, la restauration et l’exploitation durable des sites naturels. « Cette assemblée consistera principalement en des formations qui aboutissent à la dotation des communautés d’outils pratiques de gouvernance et de gestion des sites naturels », a fait savoir Dr Alexis Kaboré qui précise que la tenue d’une assemblée nationale hors de Ouagadougou est une première.

Dr Alexis Kaboré, président du conseil d’administration de NATURDEV

Le premier vice-président de la délégation spéciale de la ville de Koudougou a prononcé le mot d’ouverture de cette assemblée nationale. « Le déboisement et le tarissement des points d’eau, ne parlons pas de la disparition de la faune sauvage et la dégradation des sols, constituent des préoccupations majeures de notre région. Mon souhait est que l’implantation progressive et sûre de l’approche produise des effets positifs dans les années à venir et que le maximum de villages y adhère », a déclaré Jean Urbain Combasseré, qui félicite les autorités des villages de la région du Centre-ouest, du Boulkiemdé pour leur forte adhésion à cette approche novatrice et efficace.
Un bilan positif avec des défis à relever
Depuis plusieurs années, l’Association nationale des aires et territoires du patrimoine autochtone et communautaire du Burkina Faso (ASAPAC) s’engage activement dans la préservation des ressources naturelles et la gestion durable des territoires communautaires. Les réalisations de l’association sont notables, mais de nombreux défis subsistent, limitant l’impact de ses actions.

Cérémonie d’ouverture de la 4e Assemblée nationale

Elle a accompli des progrès significatifs en matière de conservation. Parmi ses réalisations les plus marquantes figurent l’aménagement, la restauration et la cartographie de 12 forêts communautaires situées dans les communes de Dano, Kombissiri, Pô, Soaw, Sabou et Yaro. Ces initiatives ont renforcé la résilience des écosystèmes et préservé la biodiversité. « L’association a également contribué à la mise en place de chartes locales de conservation, comme celle du village de Kalwaka, témoignant de l’engagement actif des communautés dans la protection de leur environnement. De plus, l’organisation de quatre assemblées nationales et deux rencontres sous-régionales a permis de renforcer la coopération et le partage d’expériences au sein du réseau des APAC », indique Nadège Koudougou, la représente des communautés APAC du Burkina Faso.
Cependant, malgré ces avancées, l’ASAPAC fait face à des obstacles majeurs. L’un des plus pressants est l’absence de reconnaissance juridique des APAC au Burkina Faso. Sans cadre légal, les communautés peinent à défendre efficacement leurs droits et à protéger leurs territoires contre des menaces telles que l’exploitation illégale des ressources. La perte des délimitations, particulièrement dans le Nahouri où des occupations anarchiques sont signalées, complique également la gestion des zones de conservation. Par ailleurs, la crise sécuritaire qui sévit dans le pays entrave les actions sur le terrain et met en péril les efforts de conservation, rendant certaines régions inaccessibles.
Malgré ces défis, l’ASAPAC reste résolue à intensifier ses efforts et à atteindre des objectifs ambitieux d’ici 2028. L’association vise en priorité la reconnaissance juridique des APAC, indispensable pour sécuriser les territoires et garantir la pérennité de ses actions. Elle entend également renforcer l’autonomie financière de son réseau en diversifiant ses partenariats techniques et financiers afin de réduire sa dépendance aux soutiens extérieurs. La consolidation du réseautage entre les membres aux niveaux communal, provincial et régional est également un axe majeur pour améliorer la coordination et l’efficacité des initiatives de conservation.

une vue d’ensemble des participants.

Nadège Koudougou, représentante des communautés APAC Burkina Faso a dressé le bilan des actions menées
En résumé, l’ASAPAC a établi des bases solides pour la gestion communautaire des ressources naturelles. Toutefois, pour pérenniser ses acquis et répondre aux nombreux défis qui persistent, il est crucial de mettre en place des solutions durables, allant de la reconnaissance juridique à la sécurisation des financements. Les prochaines années seront décisives pour l’avenir des APAC au Burkina Faso et leur rôle dans la protection des écosystèmes et le bien-être des communautés, selon Nadège Koudougou.
Les APAC au Burkina Faso sont, entre autres, les forêts villageoises, les forêts sacrées, les espaces communautaires d’élevage, les mares, les rivières, les zones de conservation de la faune, etc. Une visite à une communauté villageoise de la commune et un débat grand public sur la reconnaissance juridique et la conservation des APAC qui aura lieu à l’université Norbert Zongo, le vendredi 15 novembre, viendront clore cette étape. Source lefaso.net. https://lefaso.net/spip.php?article134110